Il est des héroïnes que l’on croise au détour d’un roman et que l’on oublie sitôt la dernière page tournée. Et il en est d’autres qui nous accompagnent, années après années, comme une amie fidèle dont on suit l’existence avec tendresse et curiosité. Bridget Jones est de celles-là.
Elle est née sous la plume espiègle d’Helen Fielding en 1996, dans un journal intime où se mêlent confessions maladroites et espoirs incandescents. Bridget, c’est cette trentenaire londonienne qui fume trop, boit un verre de trop, angoisse sur son poids et collectionne les faux pas amoureux. Elle rêve d’un amour aussi absolu que bancal, d’une vie où les conventions s’effaceraient devant l’authenticité. Mais surtout, elle nous ressemble. Dans son chaos délicieux, dans ses imperfections assumées, elle est la voix de toute une génération.
Et puis, un jour, elle a quitté le papier pour s’incarner sous les traits de Renée Zellweger. C’était en 2001, dans une comédie romantique devenue culte. Le Journal de Bridget Jones, porté par un trio étincelant – Renée Zellweger, Hugh Grant et Colin Firth –, capturait avec justesse l’essence même du roman : un mélange d’humour tendre, d’émotion sincère et de cette irrésistible maladresse qui rend Bridget si profondément humaine. Son histoire, inspirée d’Orgueil et Préjugés, prend vie à l’écran, et avec elle, la quête d’amour entre le séduisant mais volage Daniel Cleaver et le noble et réservé Mark Darcy.
Les années ont passé, et Bridget a grandi avec nous. En 2004, L’Âge de raison la retrouvait confrontée aux désillusions de l’amour établi. En 2016, Bridget Jones Baby prouvait qu’il n’y avait pas d’âge pour le chaos sentimental, encore moins pour les surprises du destin. Et puis, comme dans la vraie vie, il y eut un long silence.
Jusqu’à aujourd’hui.
Bridget Jones face au temps qui passe
En 2025, Bridget nous revient, plus mûre, plus marquée, mais toujours aussi vibrante. Dans Bridget Jones : Folle de lui (Mad About the Boy), adapté du roman éponyme d’Helen Fielding, elle est désormais quinquagénaire. Mark Darcy n’est plus. Il reste son souvenir, omniprésent, et ses deux enfants qui grandissent trop vite. Bridget, elle, tente d’apprivoiser cette nouvelle vie. Peut-on encore aimer après une grande perte ? Peut-on réapprendre à séduire quand on se croyait à l’abri des incertitudes du premier rendez-vous ?
Ce nouvel opus, réalisé par Michael Morris, s’aventure sur un terrain plus intime et plus mélancolique. Si le ton reste léger, le film n’hésite pas à explorer les thèmes du deuil, du renouveau et des secondes chances. Car si la vie de Bridget a changé, elle n’a pas renoncé à ce qui fait d’elle… elle-même. Entre maladresses attendrissantes et espoirs timides, elle renoue avec l’amour sous des formes inattendues. Il y a l’énigmatique M. Wallaker, professeur de ses enfants (incarné par Chiwetel Ejiofor), et Roxster, un jeune prétendant fougueux (Leo Woodall). Entre passé et avenir, Bridget doit une fois encore choisir la route qui lui ressemble.
Un retour attendu, une héroïne intemporelle.
Les premières critiques sont unanimes : ce retour de Bridget Jones touche en plein cœur. Renée Zellweger, plus lumineuse que jamais, habite son personnage avec une sincérité rare. Loin d’être une simple suite, le film se veut un regard lucide sur l’âge adulte, tout en préservant ce qui fait le sel de la saga : un humour mordant, des situations rocambolesques et cette tendresse infinie pour une héroïne qui refuse de rentrer dans les cases.
Helen Fielding elle-même a confié qu’elle écrit désormais Bridget en pensant à Renée Zellweger, preuve que l’actrice et le personnage ne font plus qu’un. À travers les années, Bridget n’a jamais cessé d’être un reflet de notre époque, évoluant avec elle sans jamais perdre son essence.
Peut-être est-ce là le secret de son charme éternel : elle trébuche, elle doute, elle se relève. Elle nous montre que la vie est un désordre magnifique, où l’on tombe amoureux comme on tombe dans la rue, où le bonheur se construit dans l’imperfection.
Bridget Jones n’est pas qu’un personnage de fiction. Elle est une amie, une confidente, un miroir parfois cru mais toujours bienveillant de nos propres existences. Et, au fond, n’avons-nous pas tous, quelque part en nous, un peu d’elle ?