Du côté de chez Biler, on rit souvent mais jamais de bon cœur car le passé - avec son cortège de deuils, d'exils et de traîtrises - cogne et grince. Pourtant Woody Allen n'est jamais loin et l'ironie, certes masochiste, portée avec panache, agit comme antidote. Comment, par exemple, résister à la scène du patient chez son psychanalyste racontant l'histoire d'un chien juif fainéant qui devient un bon berger allemand ? Ainsi, en onze nouvelles, se compose le roman d'une famille juive - les parents de Pollok pourraient être ceux d'Assja, qui pourrait être la jumelle de Lula, et ainsi de suite -, écrit par la génération qui n'a pas connu l'Holocauste, mais qui en ressent toujours l'onde de choc, revenant éternellement sur la question : juif et allemand aujourd'hui ? Autant de contes qui empruntent aux Marx Brothers pour s'achever sur une pirouette.