Un homme qui se meurt tente de se remémorer les épisodes marquants de son enfance... Spéléologie à l'intérieur des caves et des cachots d'un musée obsolète, poussiéreux et désordonné... Plongée en apnée dans l'univers incertain et glauque d'une mémoire chancelante... Survol d'une époque révolue que l'on recompose ainsi qu'un puzzle ou à la manière d'une assiette qu'on recolle... Rêvenance dont le résultat ne vaudra jamais l'original, mais dont le rappel permettra peut-être aux plaies de l'âme de cicatriser enfin... Si la lecture de cette chronique nous permet de nous orienter dans le musée du narrateur, si elle guide notre visite, si elle éclaire nos propres songenirs d'un sens et d'un sang nouveau, si elle émeut notre cœur et suscite en nous d'autres rêves, ayons l'amabilité, après les avoir soigneusement datés et étiquetés, de bien vouloir ranger les plus fragiles de ces mémosonges dans la plus haute tour... Celle qu'on visite en dernier car elle contient non seulement les exemplaires uniques et conséquemment très précieux des songe-racine de l'auteur, mais donne également vue sur ses jardins suspendus, ses fontaines de jade, ses allées pavées de mosaïques rares, ses cloîtres à colonnades, ses patios sévillans, sa ville couleur terre de Sienne aux toits vernissés, sa campagne parsemée de cyprès et, par-delà les rideaux de pluie ou les horizons de corail ensanglanté, sur les portes cochères de son univers intérieur...
