C'est le lendemain du jour où il a vu, par la fenêtre, son grand-père se rendre à pied à l'hôpital pour y subir des examens que Thomas Bernbard, à dix-huit ans, tombe gravement malade. Une pleurésie purulente le fera transporter d'urgence dans ce même hôpital, où il connaîtra l'enfer : la salle commune surpeuplée de vieillards agonisants qui se succèdent dans les lits à un rythme accéléré, l'indifférence les médecins et les infirmières, la mort devenue une banalité quotidienne contre laquelle il se défendra en observant ce qui se passe avec un refus de s'attendrir sur soi et sur les autres qui ne rend les choses que plus horribles. Cette maladie n'est pas un hasard. De fait, Thomas Bernhard était malade depuis des mois, à la suite d'un refroidissement contracté dans la cave du commerçant Podlaha, et c'est l'abandon involontaire de l'être qu'il aime le plus au monde qui a brisé ses défenses. Toutefois, le grandpère viendra lui rendre visite et l'encourager, avant de mourir dans un autre service de le l'hôpital. A présent le jeune homme est seul. Et cette solitude imposée, il décidera de la vouloir. Les livres deviendront ses seuls vrais amis, dans le sana où il sera envoyé en convalescence et où se prépare, pour lui, un nouveau drame qui fera l'objet du volume suivant. Après L'origine et La cave, ce troisième volet de l'autobiographie du grand écrivain marque une étape décisive : la maladie l'ayant obligé à renoncer à sa carrière de chanteur, il se tournera désormais vers la littérature, avec cette passion qu'il met à devenir, envers et contre tout, lui même.