Que retenir de la Patagonie ? Ses champs de graviers lunaires ? Ses glaciers géants qui lâchent d'énormes séracs comme des coups de feu de parade ? Ses paisibles troupeaux de guanacos ? La steppe sinistre des "matas negras", ces sombres buissons qui rampent sur le sol jusqu'à l'horizon ? Le chant des baleines franches venues mettre bas au ras des falaises de la côte Atlantique ? Les immenses troupeaux de moutons, menés par les gauchos, rudes cavaliers solitaires ? Les visages burinés des derniers Indiens ? Les forêts pétrifiées ? Tout cela et bien autre chose. Un certain mystère, nourri par la vision d'espaces qui semblent sans fin, de chocs climatiques, de lumières d'une beauté à couper le souffle, de légendes enfin. C'est que la Patagonie n'est pas un pays. Pas davantage une province. Grande comme la France et l'Espagne réunies et ne comptant qu'un million et demi d'habitants, partagée entre l'Argentine et le Chili, les deux nations les plus au sud de l'Amérique du Sud, la Patagonie reste l'une des régions la plus sauvage de la planète. Son splendide isolement est avant tout le résultat d'un climat dont le vent est le premier maître.